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— C’est lui qui me garde ! pensait-il ; c’est lui qui va me servir mon repas ! Roland de Sampierre est mort ici. Je suis prisonnier… Et je suis d’or !

Un sourire voulut naître autour de sa lèvre, qui se crispa en une grimace de terreur. Il répéta par deux fois :

— Je suis d’or ! je suis d’or ! Il y a plus de vingt ans que Battista me compte et me recompte comme une montagne d’écus qui doit être son bien. Ces autres sont alentour qui rôdent. Et si je tendais les bras vers la justice, elle dirait : c’est un fou ! — Non ! je ne suis pas fou ! — Alors, pourquoi as-tu joué la folie, assassin !…

Ses cheveux blancs dressés s’agitaient sur son crâne comme si un grand vent les eût secoués. Il toucha le revolver qui était sur la table, mais il le rejeta avec la précipitation qu’on met à lâcher un fer chaud. Puis il s’élança vers une des croisées en étouffant un cri de délivrance…

Qu’importait la porte fermée à double tour ? Il y avait là quatre issues pour une. Mais au premier effort que M. de Sampierre fit pour ouvrir les persiennes, il reconnut qu’elles étaient solidement maintenues au moyen d’un système de serrurerie dont il n’avait pas le secret.

Cette précaution pouvait avoir été prise dans l’intérêt de sa propre sûreté, mais le courant de ses idées allait vers la défiance. Il saisit une des planchettes pour en éprouver la force et sentit au toucher qu’elle, était doublée de fer.

Du haut en bas, toutes les autres planchettes avaient