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Il avait interrogé la science, cet ignorant, et la science, qui ne répond pas toujours aux savants eux-mêmes, l’avait laissé dans la nuit. Alors, maniaque et jaloux, amoureux, dévot, superstitieux et faible, il s’était adressé à Dieu comme la passion antique en appelait aux sorts et aux augures.

Le païen, esclave ou philosophe, disait :

« Que Jupiter tonne à droite pour le malheur, à gauche pour le bonheur. J’écoute. »

M. de Sampierre avait dit : « Dieu tout puissant, j’écoute : vous avez six heures pour me répondre, les heures propices et indiquées par le suffrage universel des livres de médecine. Je vous somme de parler ! »

Et nous savons dans quelle anxiété recueillie il avait passé ce quart de journée dont chaque minute pouvait entendre la réponse de la foudre.

Nous l’avons vu écrasé sous l’attente mystérieuse, nous l’avons vu incapable de contenir l’explosion de sa joie, devancer l’heure d’une minute et entamer prématurément le cantique du triomphe. Cela nous donne la mesure de la complète, de l’immense confiance que lui inspirait l’oracle.

Il avait cru aveuglément à l’arrêt surnaturel qui absolvait Domenica, aveuglément il crut au verdict qui la condamnait. En quelques secondes il tomba précipité du comble de la certitude heureuse au plus profond du découragement.

Le tonnerre avait répondu. Dans la conscience de ce malheureux homme le doute n’essaya même pas de