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Elle reprit possession d’elle-même par un vigoureux effort et marcha vers la fenêtre au devant de laquelle un rideau se drapait. Contre son attente, le rideau soulevé ne lui laissa voir personne. Il n’y avait là que le piédestal de marbre d’où la potiche était tombée.

— Serait-ce l’effet du hasard ? pensa-t-elle.

Elle courut à la porte du boudoir qui était fermée en dedans et munie de son verrou, comme elle l’avait laissée. Il paraissait impossible qu’on se fût introduit au salon par cette voie.

Mais au moment où elle allait tirer le verrou, avant de tourner la clef, Laure aperçut un cheveu enroulé autour du bouton. Son regard eut cette lueur que l’admiration allume dans la prunelle du véritable artiste à la vue d’un chef-d’œuvre. Elle se pencha pour examiner de plus près et découvrit une fine écorchure au-dessous de la clef.

Laure ne chercha plus. La trousse de Mylord Torticolis avait des bijoux en fait d’instruments, et le proverbe des voleurs de Londres dit : « Si l’aiguille passe, l’homme passera. »

Quand Laure ouvrit enfin la porte, elle avait rejeté loin d’elle tout symptôme de trouble, et en apparence, du moins, jamais sourire plus victorieux n’avait éclairé sa beauté.

Elle n’eut pas besoin de chercher ; le premier objet qui frappa ses yeux, ce fût Mylord, couché tout de son long sur un sopha et donnant comme un bienheureux, entre les deux excellents volumes ; prêtés par Hély : La Série des preuves et le Jardin de la contreverse.