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grise qui courait tout éperdue et qui se lança dans la voiture.

Ce mouvement fit flotter le voile.

Jean de Tréglave ralentit sa course, comme si un doute fût entré en lui.

Mais juste à ce moment, et comme il passait devant une noire allée, il tomba, frappé d’un coup de stylet à la hauteur du cœur, par derrière.

Une voix sortit de la nuit, et dit :

Per la santità del sacramento ! (Pour la sainteté du mariage.)

Et la porte de l’allée se ferma.

La rue était déserte.

La voiture où la robe grise venait d’entrer n’avait pas bougé. Pendant une minute, Jean de Tréglave resta couché en travers de la rue, immobile et baigné dans son sang.

Au bout de ce temps, le cocher de la voiture, gros homme qui ressemblait fort à François Preux, le valet du ménage Strozzi, descendit de son siège, vint s’agenouiller auprès du corps du vicomte Jean, et dit après lui avoir tâté la poitrine :

— En voilà un qui a la vie dure !

— Il n’est pas mort ? demanda-t-on dans le carrosse.

Ce n’était pas une voix de femme.

En effet, le docteur Strozzi sauta sur le pavé au moment où quelques passants tournaient l’angle de la place des Tribunaux pour s’engager dans la rue.

Derrière lui, Laura-Maria sortit aussi de la voiture,