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je n’éprouve aucune fatigue ! Aucune personne ne connaît ma force !

Elle se mit en mesure de redoubler, mais Laure lui dit tout bas :

— Vous vous servez d’une arme que vous ne connaissez pas, madame. Ne voyez-vous pas que je vais mourir ?

La marquise recula de plusieurs pas, saisie d’une épouvante inexprimable. Pas un instant elle ne mit en doute la vérité de cette affirmation.

— Grand Dieu ! pensa-t-elle, j’aurais dû me méfier de ma puissance !

Puis, ramenée par l’élan de son bon cœur :

— Ma petite ! oh ! ma pauvre petite ! je vais vous calmer. Il faut donc que j’aie perdu la tête pour vous traiter ainsi, mon cher ange !

Laure avait toujours les yeux grands ouverts, mais sa tête pendait sur sa poitrine. Quand la marquise voulut la secourir, elle lui dit :

— Ne me touchez pas !

Domenica joignit ses mains et se prit à trembler des pieds jusqu’à la tête.

— Mais que faire, chérie, que faire ? s’écria-t-elle. Je vous jure que je voulais seulement…

— Ouvrez la fenêtre ! interrompit Laure.

Domenica, chancelante qu’elle était, s’élança pour obéir.

Aussitôt qu’elle eut tourné le dos, le regard de Laure s’alluma. Elle se pencha rapide comme l’éclair, et saisit la lettre qui était à terre.