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Pour le coup, la marquise se fâcha tout rouge. Elle était princesse, mais elle avait la colère un peu bourgeoise.

— Malheureuse ! s’écria-t-elle, oubliez-vous que d’un geste je pourrais vous écraser !

Laure l’oubliait d’autant moins que sa seule ambition était déjà écrasée.

Mme  de Sampierre avait à la main la lettre de l’esprit. Elle frappa sur le papier et poursuivit.

— Ah ! vous ne voulez pas que je retrouve mon fils ! Eh bien ! madame la baronne, vous ne savez pas à qui vous avez affaire ! Je passe pour faible de caractère, mais c’est une erreur, et puisque vous avez bravé ma puissance, plus de ménagements ! J’ai mon fluide et nous allons voir !

Joignant le geste à la parole, Domenica leva les deux mains à la fois et se mit à asperger de tout son cœur.

Son mouchoir était tombé d’un côté, la lettre-miracle de l’autre. Elle n’en savait rien. Elle travaillait comme les batteurs en granges, s’exaltant de plus en plus et arrivant à une sorte de transport.

— Tu me céderas ! disait-elle, employant à son insu cette forme si étrangère à ses habitudes : tu me céderas, ou je te briserai !

Nous n’avons pas besoin de constater que sa victime, malgré l’averse magnétique qui tombait sur elle, jouissait de son parfait sang-froid.

Dès qu’elle vit tomber la lettre, Laure donna des signes de détresse.

— Ah ! ah ! fit la marquise de sa voix essoufflée, moi,