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Mais au milieu de cette route aplanie, un obstacle surgissait tout à coup.

L’oracle se trouvait avoir deux voix, l’esprit révélateur était double : une seconde supercherie sortait de la première à l’improviste, comme le diable, effroi des enfants, jaillit d’une tabatière à surprise.

La lettre magique avait un post-scriptum et le post-scriptum ne pouvait pas être moins magique que la lettre.

Depuis que la marche de Laure s’était heurtée contre cette découverte, elle avait dû jeter de côté le mot-à-mot de son rôle appris, et improviser en battant les buissons.

Ce n’était pas le nom du second sorcier qu’elle cherchait : le bruit de souris entendu dans le grand salon et la chute du vase la renseignaient suffisamment à cet égard. Ce qu’il lui fallait à l’instant, et sous peine de voir tomber tout l’échafaudage de ses ruses, c’était le texte même des lignes ajoutées.

Nous devons avouer que la bonne Domenica ne se doutait pas du grand travail de sa compagne. Aux derniers mots de Laure qui relataient la mort du vicomte Jean, Mme  la marquise répondit avec un peu d’humeur :

— M’accusez-vous d’être ingrate ?

— Pauvre noble cœur ! murmura Laure d’un ton de compassion provocante, Tréglave, martyr oublié déjà !… Madame, il y a des moments où vous me faites horreur ! Si je pouvais, je vous empêcherais de retrouver votre fils !