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ses paupières, mais elle le cacha derrière ses sourcils froncés.

— Je ne veux pas, répliqua-t-elle, pourtant, à voix basse.

— Bon ! fit Domenica, je m’en doutais bien ! mais moi, je veux, et vous savez que vous ne pouvez pas me résister.

— Je ne veux pas ! répéta Laure avec plus de force.

— Bah ! ma chère, le roi dit nous voulons, obéissez !

Elle leva le doigt. La bouche de Laure se contracta comme si ses lèvres eussent essayé de parler malgré elle.

— Est-ce assez curieux ! pensa tout haut la marquise. Et comme il faut être aveugle pour nier la puissance du fluide !

— Si vous me contraignez, je ne verrai plus rien ! dit Laure avec une colère admirablement jouée.

— À d’autres, mon amour ! vous êtes un joli petit Protée qu’il faut battre. Eh bien ! on vous battra… Allons ! Allons !

— Je vous tromperai, je mentirai…

— Oh ! la chère méchante ! Nous avons donc un bien gros secret ?

Laure porta la main à ses yeux d’un geste plein de détresse : La bonne marquise eut pitié, mais ce n’était rien auprès de sa curiosité.

— C’est comme pour les dents qu’on arrache, dit-elle d’un ton résolu. Le plus vite est le mieux. Parlez ou je frappe !

Sa main étendue se leva, non point pour porter un