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belle chérie, revenons à ce qui est désormais toute ma vie, mon fils, mon bien-aimé fils… Ce pauvre vicomte doit bien voir que je ne suis pas ingrate ! Entendez-vous, Jean ! Je ne suis pas ingrate, mon ami : vous connaissez mon caractère.

Domenica prononça ces derniers mots en forçant légèrement sa voix, et comme si elle se fût adressée à l’esprit qui cassait des potiches de l’autre côté de la porte.

Il faut renoncer à peindre le mélange d’égoïsme, de sensibilité, d’enfantillage qu’elle apportait tout au fond de ce drame.

Elle ne le voyait pas, le drame, mais il marchait terriblement !

— À nos affaires ! reprit-elle en revenant à sa compagne, avez-vous besoin de quelques passes ? Je vous prie de regarder encore un peu du côté de la lettre. Elle me fait le portrait de mon Domenico…

Il y eut un sursaut dans l’immobilité de Laure. Ses yeux ne parlèrent point, mais, en elle, quelque chose frémit.

Mme  de Sampierre poursuivait :

— Comme il doit être charmant ! et bon ! et brave ! Est-ce l’esprit qui l’a écrite, la lettre ?

Laure garda le silence.

— À votre idée, poursuivit la marquise, dont les sourcils essayèrent un froncement, ne pourrait-il y avoir supercherie ? Moi, j’y ai songé.

Point de réponse encore.