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Évidemment, cette bague ne pouvait convenir à sa main.

Elle devait appartenir ou avoir appartenu à un homme.

Le chaton, de forme ovale, portait un écusson gravé.

Une expression de peine, combattue par un religieux respect, envahit les traits de Laure au moment où elle toucha ces deux objets.

Elle baisa la bague comme si c’eût été une relique, puis elle la tendit à la marquise avec le miroir, en disant :

— Je veux dormir par vous, puisque je dormirai pour vous. Passez la bague au doigt annulaire de votre main droite et de cette même main vous me présenterez le miroir, droit devant moi, pour que j’y voie bien mes deux yeux.

Les doigts de Domenica frémirent un peu au contact du miroir magique. Ce ne fut rien ; le manche ne brûlait pas.

Mais quand elle prit la bague et que son regard rencontra les armoiries gravées sur le chaton, elle se sentit devenir froide.

La masse de sang qui, d’ordinaire, colorait si violemment son visage se retira d’un coup pour faire place à une mortelle pâleur.

Une étincelle passa entre les paupières demi closes de Laure.

La bague, paraît-il était plus magique encore que le miroir, car le choc éprouvé par Domenica fut visible et faillit la terrasser.