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geons en ce moment toutes les deux, je n’ai besoin que de cet homme qui a été mon maître.

Un vague frisson glissa le long des veines de la marquise, pendant qu’elle écoutait ces singulières paroles.

Elles furent prononcées avec une émotion contenue, mais si profonde que l’idée de supercherie ne serait pas venue, même à un sceptique.

Tout au plus le sceptique aurait-il pensé que cette charmante femme avait de l’exaltation dans l’esprit et que sa cervelle était un peu malade.

La marquise Domenica ne pouvait passer pour sceptique.

— Est-ce que le mort revient, ma chère ? demanda-t-elle tout bas d’une voix qui tremblait considérablement.

— Il ne s’en va jamais, répliqua Laure avec un triste sourire.

Domenica s’agita sur son siège :

— Ce n’est pas que j’aie peur… murmura-t-elle en glissant à la ronde une œillade inquiète.

Laure la regarda, et son sourire prit une expression plus recueillie pendant qu’elle disait :

— Vous avez raison de ne rien craindre, il ne vous fera jamais de mal, à vous !