Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/368

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle traversa aussi la pièce d’apparat qui sentait un peu le renfermé et pénétra dans le petit salon.

, au contraire, tout vivait, tout souriait ; les fleurs et l’art au dedans, au dehors les vieux arbres d’un bosquet contemporain de Louis XIV.

On y devinait la présence habituelle de cette créature choisie qui était la grâce sobre, le goût exquis, le charme.

Il y a seulement cent ans, aucun poète « léger » n’aurait pu voir ce réduit sans faire rimer aussitôt. « Mon œil te contemple » avec « temple ».

C’était là que Mme la marquise de Sampierre attendait.

Elle s’était jetée sur un canapé en entrant. Sa maladie mignonne était la courte haleine ; aujourd’hui, les opulences de sa gorge bondissaient positivement. Elle s’éventait tant qu’elle pouvait avec son mouchoir pour rafraîchir le feu de ses joues. On eût dit qu’elle venait de faire une lieue à pied toujours courant.

Le mystérieux billet, trouvé entre les pages de son paroissien aux Missions étrangères, et cause de tout ce grand émoi, n’était plus dans sa main.

— On n’a pas idée de cela, n’est-ce pas ! dit-elle, avant même que Laure lui eût adressé les compliments d’usage. Je passerai pour folle à la fin ! Qu’allez-vous penser en me voyant chez vous à pareille heure ?

Laure lui avait pris la main, qu’elle serrait affectueusement.

— Je vais penser, répondit-elle en souriant, que vous me traitez comme une amie, et je vous en remercie de tout cœur.