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du jeune comte Roland. Une saison tout entière, on y fut réduit à donner des concerts comme en carême. Charlotte devenait une des plus riches héritières de Paris, Pernola rajeunissait, Domenica sanglotait. Après le temps voulu, on dansa un peu, — au piano.

Puis, tout à coup, il vint à la bonne marquise un regain de succès qu’elle ne cherchait point, Paris-bourgeois s’occupa d’elle tout à coup, parce qu’elle avait entrepris, à grand frais, cette tâche romanesque de retrouver l’enfant disparu depuis tant d’années. Les uns se moquèrent avec bienveillance, les autres s’attendrirent franchement. Les journaux parlèrent. On compara cette tendre mère à la veuve du célèbre navigateur Franklin dont l’entêtement aveugle, mais sublime, avait nié aussi l’évidence, lançant des flottes entières à la poursuite d’un mort.

Domenica faisait de même et dépensait encore plus d’argent. Elle levait des troupes d’aventuriers, elle équipait des navires. Je ne parle même pas des neuvaines, des pèlerinages ni des consultations de somnambules.

C’était un prince qu’on cherchait ainsi ; car la marquise avait obtenu du protectorat russe, en Roumanie, la reversion des noms et titres du vieux Michel Paléologue sur la tête du comte Roland, dont son second fils, Domenico, vivant, aurait hérité.

Tout cela intéressait les curieux de faits-divers, d’autant que l’intrépide vicomte de Mœris, ancien secrétaire de Raousset-Boulbon, et chef de la dernière expédition, avait laissé publier dans les journaux des extraits de