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Les allures de Mme la baronne de Vaudré étaient absolument correctes. Ce n’était pas ce qui s’appelle une dévote, mais elle avait sa chaise à Saint-Germain-des-Prés, dont le clergé la connaissait bien par ses aumônes.

Elle recevait peu : nous eussions pu dire qu’elle ne recevait point, sans l’intimité qui s’était établie récemment entre elle et Mme la marquise de Sampierre.

Le cercle des maisons où elle allait était restreint ; elle accueillait les avances avec une réserve plus que discrète et mettait dans tout ce qu’elle laissait paraître d’elle-même une mesure parfaite qui n’excluait, aux heures propices, ni l’abandon ni la gaîté.

Son premier étage de la rue Saint-Guillaume, où quelques privilégiés avaient accès, était un pur bijou. Ses équipages consistaient en un simple coupé, à la vérité fort bien attelé. Quant à sa mise, c’était du grand art : la fière, la sobre élégance de celles qui parent la parure et dont la seule apparition repousse au dernier plan les riches pauvresses, condamnées à trop de toilette !

Saint-Simon écrivait quelque chose d’analogue en parlant de Françoise d’Aubigné qui servit Scarron et fut servie par Louis XIV.

Mais les temps sont durs et j’aime mieux vous prévenir d’avance : n’espérez pas pour cette belle Laure la fortune de Mme de Maintenon.