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gevin, qui habitait Paris depuis un peu moins de trois ans.

Peut-être bien que la belle baronne, avec la moindre bonne volonté, aurait pu conquérir sa case dans cette montre qui s’appelle la vogue. Sa feuille de route mondaine était en règle. Nombre de gens avaient connu son mari, baron très-authentique et qui même s’entendait aux chevaux.

Mais aussi, peut être bien que, si elle eût brigué de trop bruyants succès, la jalousie de ses rivales vaincues lui aurait demandé des comptes que présentement personne ne songeait à apurer. En effet, le dossier de sa vie, que chacun pouvait consulter, ne remontait guère au-delà de son mariage avec M.  le baron de Vaudré, qui avait eu lieu en 1863.

Le mariage avait été célébré à New-York, ou le baron s’était rendu pour repêcher quelques débris de ses capitaux, noyés dans un de ces innombrables naufrages qui semblent être le destin commun des banques américaines : ce libre pays faisant tout en grand, surtout banqueroute.

M.  de Vaudré ne sauva pas beaucoup de capitaux, mais il ramena la plus délicieuse femme que jamais Angers eût admirée ; une grande dame, en vérité, sachant son monde, élevée mieux qu’au Sacré-Cœur et n’ayant pas même l’accent exotique. Elle venait du Sud-Amérique ; le Sud est resté français, les demoiselles de la Nouvelle-Orléans font beaucoup moins de fautes que les Parisiennes. Il s’agit, bien entendu, de fautes d’orthographe.