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— C’est parfaitement cela ! Videz votre sac et ne passez rien ! Nous savons que ce François Preux était aussi une de vos anciennes connaissances.

— Je me déterminai à le voir, poursuivit capitaine Blunt. J’allai en ce lieu qui s’appelle en effet la cité Donon, et dont la vue produisit sur moi un singulier effet. Quoique rien n’y ressemble assurément aux choses du désert, cela me reporta si loin, mais si loin de Paris, que mes instincts de sauvage s’éveillèrent.

Le soir venait. Au lieu de monter chez ce M.  Preux tout de suite, je me mis à rôder le long d’un grand mur qui sépare la cité Donon des jardins de Sampierre. Je n’avais aucun but précis, je me sentais seulement sur un terrain qui m’appartenait mieux que vos boulevards, vos places ou vos rues ; je me disais que peut-être la maison mystérieuse où est tout l’avenir de mon Édouard pourrait être abordée de ce côté…

— Maître Édouard a eu précisément la même idée que vous, capitaine, dit M.  Chanut en riant.

— Oui… Et cette rencontre n’est-elle pas étrange ?… Comme j’arrivais devant une sorte de lande, située en face du saut de loup de Sampierre, je vis sortir d’une maison voisine une femme de haute taille…

— La Tartare ! Allez ! Nous y sommes !

— Elle vint droit à moi et me cria de me hâter, car elle me prenait pour le médecin qu’on attendait. Elle a une fille malade. Je vis bien qu’elle était aveugle. Quoiqu’il fît déjà sombre, son aspect me frappa, éveillant en moi des souvenirs lointains et confus. Au premier son de ma voix, quand je lui répondis, elle se redressa toute