Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais il n’acheva pas et sa main retomba parce que l’autre l’avait regardé dans les yeux.

Mylord dit :

— Monsieur le vicomte, une fois pour toutes, quand vous vous adresserez à moi, je vous engage à ne jamais oublier que vous parlez à un gentleman. Je suis plus fort que vous, plus adroit que vous et plus brave que vous… Pour ce qui concerne M.  Moffray, j’ai eu le prix d’honneur à l’école Sharp dans la classe supérieure des faussaires. Acceptez vite tous les deux, croyez-moi, car on peut se passer de vous.

— Quel bijou ! dit Mme  Marion ; et comme il appelle les choses par leur nom ! Messieurs, je ne crois pas que vous ayez à vous plaindre de moi. Vous êtes libres. S’il vous plaît de vous en aller comme vous êtes venus, je m’engage à ne point ébruiter votre étourderie de cette nuit.

Elle recula son siège de cet air négligent qui ponctue si bien un congé poliment signifié ; Mœris n’était mauvaise tête que dans les pampas.

— On me connaît, dit-il d’un ton radouci : j’ai fait assez souvent mes preuves… Si encore nous savions quelle doit être notre besogne ?

Mme  Marion répliqua :

— Vous ne saurez rien ce soir ; il n’entre pas dans mes vues que vous soyez instruits maintenant. Vous entendrez parler de moi à mon heure. Vous travaillerez quand et comme je voudrai. Oui ou non acceptez-vous ?

— Parbleu ! firent ensemble Mœris et Moffray.

— Alors, mes chers messieurs, l’affaire est faite, c’est