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Mœris gagnait déjà la porte au pas redoublé, et Mylord, superbe de sang-froid, tournait le bouton, quand une voix de femme, un peu émue, mais très rieuse, se fit entendre derrière les rideaux de l’alcôve.

— Messieurs, messieurs, dit-elle, ayez la bonté de rester, vous rencontreriez mes gens dans l’escalier !

Un bruit confus emplissait déjà la maison. La voix reprit :

— Ce n’est pas ma faute, la fumée du tabac me fait toujours tousser, et vous conviendrez que cette quinte rendait ma position délicate…

Les rideaux s’ouvrirent ; sur le lit, il y avait une femme, coiffée de magnifiques cheveux noirs, captifs dans un filet de nuit, et qui cachait son visage derrière un voile de dentelles.

Vous vous doutez de la figure que faisaient Mœris et Moffray. Mylord, au contraire, était de marbre. La dame poursuivit encore, et son accent respirait une véritable bonne humeur :

— Jetez vos cigares, allumez des bougies, dissimulez votre lanterne et ôtez vos bas de laine… plus vite que cela ! on arrive !

On arrivait en effet. La porte s’ouvrit brusquement, donnant passage à un valet et à une servante, qui s’arrêtèrent tout étonnés sur le seuil.

Mylord seul avait obéi aux prescriptions de la châtelaine en allumant prestement les bougies Mœris rabattait son pantalon ; Moffray n’avait ôté qu’un de ses bas.

— Germand, dit la dame au valet, vous allez servir à souper en bas, dans la chambre ronde. Ces messieurs