Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en avez rencontré au moins un, ne dites pas non !

Et avant qu’elle eût le temps de répondre, il ajouta, faisant effort pour emmieller sa voix de nouveau :

— Vous me couperiez par morceaux sans trouver en moi un atome d’intérêt personnel ou d’ambition. Mon rêve c’est l’heureuse médiocrité, je ne la souhaite même pas dorée. Mais le hasard, pour mon malheur, a placé entre mes mains une mission sacrée, un sacerdoce. Je représente Sampierre et Paléologue ! Je suis l’ange gardien de ces deux illustres maisons, menacées par la ruine… et par la honte peut-être, car qui sait où les conduirait quelque aventurier inconnu, arrivant tout à coup et plantant violemment son pavillon pirate au sommet de notre honneur ? Je ne veux pas de cela, princesse. Je me suis rapproché de vous pour empêcher cela, et je me résume : voulez-vous être avec moi ou contre moi ?

Il se leva. Il semblait plus haut sur ses jambes, et sa figure avait une énergie que Charlotte ne lui connaissait pas.

— Avec moi, poursuivit-il, vous êtes l’héritière de Michela Paléologue. Sans moi, vous n’êtes rien. Je ne m’explique pas, parce que vous me comprenez. Avec moi, vous êtes le salut de la marquise Domenica, votre bienfaitrice et à coup sûr votre parente, au moins par le lien naturel ; sans moi, vous tombez fatalement parmi ceux qui complotent sa ruine. Je vous ai offert ma main ; dans l’ordre des événements probables, c’est celle du futur marquis de Sampierre, que notre union ferait prince Paléologue. Je suis un homme désin-