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de frivolité plus résolue. C’était bien la fille du vieil Orient, enfant par ses civilisations comme par ses barbaries.

Depuis vingt ans elle jouait à cache-cache avec elle-même, poursuivant une chimère impossible, priant Dieu et les somnambules, jetant l’argent aux pauvres, mais aussi aux chevaliers d’industrie qui exploitaient son idée fixe, et cherchant la foule pour s’étourdir sur le deuil du passé, sur les menaces de l’avenir.

Elle ne voulait pas regarder en face la douloureuse histoire de sa vie. Elle allait et venait, changeant de résidence comme elle changeait d’amies, et croyant s’occuper parce qu’elle s’agitait.

L’aurore de ses inconstantes amitiés ressemblait toujours à une passion. Elle avait en ce moment une amie nouvelle, Mme la baronne de Vaudré dont nous avons déjà prononcé le nom. Il sera amplement question d’elle bientôt. Sans avoir rien perdu peut-être de son affection pour Charlotte, Mme la marquise vivait de jour en jour plus loin d’elle.

C’était dimanche. Domenica venait de monter en voiture pour se rendre à la grand’messe. L’antichambre de l’hôtel de Sampierre, remarquable par le nombre imposant de ses fainéants des deux sexes, était en fièvre, à cause du meurtre commis au Saut-de-Loup, dont la nouvelle avait été apportée par les jardiniers. On bavardait activement et il va sans dire que les commentaires les plus malveillants étaient les mieux accueillis.

L’aventure de la veille au soir : « La chasse aux flambeaux », comme ils appelaient déjà les recherches