Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jamais vu pareille cohue, craignait la fin du monde et bêlait lamentablement.

Par un hasard moqueur, au moment où commençait l’enquête, les maçons arrivèrent pour boucher la guérite. On les renvoya, et du haut de son balcon le Poussah trouva le mot de la situation en disant : « Il est bien temps ! »

Tout ce qui tenait au monde officiel, la justice, la police, les invalides, leurs nièces, l’allumeur du gaz, l’ouvreur des bornes-fontaines, le concierge du magasin, du Bon-Marché et le contrôleur de la station des omnibus, tous, dis-je, levèrent la tête pour lui envoyer un bienveillant salut.

Tel est le résultat d’une vie honorable.

Le médecin, régulièrement requis, constata que le cadavre était celui d’un mort. Il exprima cette opinion que le décès était survenu à la suite d’une lésion occasionnée par un choc, résultat d’un contact trop violent entre la tempe du défunt et un objet semi-contondant.

À son sens, la mort avait dû être à peu de chose près instantanée, à moins, toutefois, que l’agonie ne se fût légèrement prolongée.

On visita l’intérieur de la guérite. L’extrémité pointue, mais émoussée de la tige de fer portait un témoignage effrayant. Le sang avait coulé à flots dans la guérite d’abord, puis sur la marge étroite où notre ami Édouard avait posé son pied pour s’élancer par-dessus la murette, puis enfin jusqu’au fond du saut de loup.