Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le joli petit comte Pernola qui ne les quittait pas plus que leur ombre ; les Strozzi campés à l’hôtel des Trois Anglais, avec un gros garçon du pays basque, à la fois compère et valet qui répondait au nom de François Preux et qu’on payait tous les trente-deux du mois.

Cela ne le maigrissait pas : il avait ses industries.

C’était le matin. L’hôtel des Trois Anglais, que vous chercheriez en vain dans le Guide du voyageur en Italie, est une pauvre bicoque, ouvrant ses fenêtres sur une ruelle du quartier populaire de San Lorenzo.

Le Strozzi était déjà debout et arpentait la chambre étroite en fumant sa cigarette, mais Laura-Maria dormait encore. Sur sa couche presque indigente un rayon oblique éclairait la splendeur de sa beauté.

Elle était encore plus merveilleusement jolie que belle, et l’harmonie exquise de ses traits souriait comme un délicieux rêve dans les masses de ses cheveux qui baignaient l’oreiller.

Quelquefois la physionomie parle, même dans le sommeil. Celle de Laura-Maria se taisait. Le regard, en la contemplant, percevait seulement cette saveur que dégage tout chef-d’œuvre.

La porte s’ouvrit sans qu’on eût frappé. La taille courte et replète de François Preux, le valet, se montra sur le seuil. Il portait un paquet assez volumineux sous son bras.

— C’est pour tantôt, dit-il en déposant le paquet sur une table. Le petit comte Pernola est un malin singe. Il offre cent louis pour l’affaire de la cathédrale, deux cents pour le coup de couteau, et cent mille francs à