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neau, le chien le plus gras de l’univers. Ses pattes avaient des mollets.

Il vint se planter comme une formidable barrière au-devant du seuil. Il n’aboya pas, mais sa gorge rendit le propre grognement asthmatique du Poussah et il montra toute la rangée de ses dents.

— À bas, Tonneau, dit le nouvel arrivant. Est-ce que tu ne reconnais pas les amis ?

Tonneau ferma sa gueule, remua sa queue et regagna son coin entre le lit et une caisse de fer du plus robuste modèle, encastrée solidement dans la muraille.

— Fiquet, ma vieille, dit le gros homme, je ne t’ouvrais pas, parce que j’avais idée que tu venais m’emprunter de l’argent.

Fiquet était un grand maigre, chevelu et barbu, habillé à la mode avec mauvais goût, pouvant passer pour un élégant dans de certains milieux ambigus : saveur de l’artiste interlope et du sportman véreux, type fatigué du Parisien qui a tout vu et tout subi : malpropre chose.

Il prit la chaise de Pernola à côté du fauteuil de papa Preux et tendit la main en disant :

— Va bien, Crésus ? payez-vous un verre de bière ?

Le Poussah appartenait à la catégorie des vainqueurs qui tutoient tout le monde, mais que tout le monde ne tutoie pas.

— Non, répondit-il. Est-ce que le no 1 est sorti de prison ?

— Pas encore, mais…