Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Phatmi, qui avait fait cette réponse d’un air distrait, reprit tout à coup :

— J’ai couru le chercher quand le maître m’a refusé l’entrée de la chambre à coucher après mon repas. N’est-ce pas à lui qu’il faut toujours demander : Doit-on faire cela ? Mais le maître, sur le tantôt, lui avait laissé voir qu’il désirait rester seul. Et alors le Pernola a bien vite profité de l’occasion pour aller à ses affaires. Les absents peuvent toujours dire, après l’événement : « Je n’étais pas là ! je ne suis pas responsable de ce qui s’est passé. » Ça s’appelle un alibi.

Pétraki lui prit la main affectueusement.

— Tu es très-pâle, dit-il. Tu as bon cœur. Tiens ! te voilà qui frissonnes !

— C’est que j’ai froid.

— Froid ou peur ?

— Les deux.

— Peux-tu me dire de quoi tu as peur ?

— Je ne sais pas.

— C’est bien.

Il se leva sans colère aucune, et ajouta :

— La Paléologue a un secret. Tant pis pour elle. Bonsoir.

Phatmi garda le silence. Le Serbe prêta l’oreille un instant dans la direction de la chambre à coucher. On n’y entendait aucun bruit.

Comme il se dirigeait vers la sortie, Phatmi le rappela.

— C’est fermé à clef, dit-elle en montrant la porte de Domenica.