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CHAPITRE VIII.

danse faisait trêve ; on voyait de tous côtés sur le gazon des couples amis, portant à leurs lèvres, pâles de fatigue, le cristal taillé des verres. Vous avez vu de ces tableaux représentant des fêtes antiques, des groupes souriants sous les grands arbres, des femmes couronnées de fleurs et l’écume rose au bord de la coupe pleine.

C’était ainsi ; c’était plus beau.

L’atmosphère tiède du jardin enivrait presque autant que les mille breuvages servis à profusion.

Pauvres souvenirs de Penhoël, où étiez-vous ? Y avait-il au monde, en ce moment, pour Roger, une autre femme que la blonde Delphine ? Hélas ! Étienne lui-même devenait fou à contempler les beaux yeux noirs d’Hortense.

On les avait mises au défi, les enchanteresses, au défi toutes deux ! Il fallait voir comme elles faisaient assaut de séductions et d’ardentes paroles. Oh ! les divines ! elles feignaient si bien l’amour, que l’amour lui-même n’eût point valu mieux : c’est aimer que de tromper ainsi. Et peut-être aimaient-elles…

Qui sait ? Il y avait à peine deux mois qu’elles étaient à l’Académie royale de musique. Après deux mois entiers, on a vu là des natures robustes qui gardaient encore un petit peu de cœur.