Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
LES BELLES-DE-NUIT.

discret, où il n’y avait certes point de menace.

Le comte de Manteïra chercha d’abord, sous le masque de son interlocutrice, les traits brunis et réguliers de Lola, car quelle autre, dans cette fête, pouvait savoir son nom ?

Mais, impossible de se méprendre ! l’inconnue, aussi grande que Lola, avait une taille bien plus juvénile, les épaules moins larges, la poitrine moins développée ; et, d’ailleurs, Lola était brune, tandis que le diadème de perles, qui servait de coiffure à l’inconnue, laissait échapper à profusion les boucles des plus beaux cheveux châtains que l’on pût voir.

Le comte de Manteïra fit effort pour surmonter son trouble, et reprit ses cartes d’une main qui, malgré lui, tremblait.

— Ne faites pas attention à moi, M. Blaise, dit la ceinture rouge avec simplicité, et continuez votre partie… j’ai du loisir… j’attendrai.

Le comte n’avait pas le choix et ne pouvait faire autrement que d’obéir.

On l’observait, son trouble avait été remarqué ; mais on trouvait à cette émotion une cause toute naturelle.

La jeune femme semblait admirablement belle ; c’était quelque bonne fortune qui tombait des nues à M. le comte.

La partie engagée était un écarté. Le comte