Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LES BELLES-DE-NUIT.

— Vous êtes riche… mais vous avez des goûts de roi !… Quelle fortune serait assez grande pour satisfaire ces prodigalités incroyables ?

Il montrait du geste le jardin et semblait supputer mentalement les sommes énormes qu’il avait fallu jeter dans ces féeriques magnificences.

— Le fait est, dit Montalt simplement, que je mange mon capital, M. le chevalier.

— Je savais bien !… Ah ! milord, si vous vouliez me comprendre !

— Mais, M. le chevalier, je vous comprends parfaitement.

— En vérité ?… dit Robert qui baissa les yeux ; eh bien ?…

— Eh bien !… répéta Montalt, je sens qu’avec un homme habile, on pourrait. Mais, M. le chevalier, notre connaissance date à peine de quelques semaines… et je ne sais pas encore…

— C’est vrai !… interrompit Robert ; vous ne m’avez jamais vu à l’œuvre !

— Vous comprenez qu’en ces sortes de choses, reprit Montalt dont le sourire devint plus gracieux, ce n’est pas précisément sur la moralité d’un homme qu’on désirerait être fixé…

— J’entends bien !… c’est sur son savoir-faire.

— Vous l’avez dit, M. le chevalier.

Robert se rapprocha de Montalt, et prit la