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LES BELLES-DE-NUIT.

Delphine était blonde ; mais non point de ces blondes langoureuses dont le regard se noie, pâle et sans rayons. Ses grands yeux bleus souriaient ; les boucles d’or de ses longs cheveux se jouaient avec mutinerie sur ses blanches épaules.

Elle était jolie, jolie !…

Étienne regardait Delphine ; Roger dévorait des yeux Hortense. Et le nabab souriait, tout en écoutant M. le chevalier de las Matas, qui redoublait ses frais d’éloquence.

L’orchestre, qui avait d’abord voilé ses accords lents et balancés, montait en un crescendo de plus en plus rapide. La danse suivait l’orchestre. On voyait les bayadères se mêler, se perdre, se reprendre, tourner sur elles-mêmes en agitant leurs voiles, et former comme une chaîne vivante dont les anneaux se nouaient et se dénouaient.

À mesure que le rhythme devenait plus vif, une sorte de fièvre enthousiaste s’emparait d’elles.

Les musiciens haletants pressaient la mesure, pressaient toujours.

Un instant encore on vit la troupe charmante précipiter ses pas avec frénésie ; puis, tout à coup, l’orchestre se tut. Les danseuses avaient disparu comme un songe.

Delphine appuyait sa blonde tête contre la