Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
CHAPITRE VI.

des tuyaux lançaient l’eau tiède et parfumée des bains, suivant la mode de Tebriz ou de Dir. Sous les tentures se montraient encore les guirlandes de fleurs et de fruits. Les vives couleurs des pans de cachemire faisaient tort aux nuances un peu passées qui chatoient encore aux robes des marquises-bergères de Watteau.

Et tout près, à dix pas de ces coussins paresseusement amoncelés, l’attirail austère du sport britannique.

Le palais de Montalt réunissait la mollesse du XVIIIe siècle aux mollesses de l’Orient, sans craindre le voisinage des modes roides du gentlemanry pur sang.

Car Montalt, malgré toute sa puissance, ne pouvait façonner que le dedans à sa guise. Entre les murs de l’hôtel ses souvenirs pouvaient prendre une forme et lui rendre aisément l’aspect aimé de sa vie indienne ; il pouvait se croire encore à Mascate, ou parcourant en vainqueur, avec ses cipayes, un coin de la Perse, une province du Kaboul…

Mais au dehors, c’était l’Europe. Impossible de refaire les mœurs de tout le monde. Au lieu du palanquin asiatique aux balancements indolents, il fallait le fougueux attelage.

Et point n’est besoin de dire que les écuries du nabab n’avaient pas de rivales dans Paris.