Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
CHAPITRE VI.

serait fatigué bien vite des fleurs et des arbres, mais il n’aimait pas à voir son caprice contrarié avant l’heure de la satiété.

Il fit appeler Nehemiah Jones, son majordome, et il lui dit :

M. Jones, ne pourrait-on mettre mon jardin en serre ?

— Si c’est la volonté de milord, répliqua Nehemiah Jones le plus simplement du monde, pourquoi non ?

Il eût semblé, en vérité, à entendre ce brave Anglais, que la volonté de milord était la règle de l’univers.

Milord répondit :

— C’est ma volonté, M. Jones.

Nous ferons remarquer en passant que ce titre de lord, appliqué à Montalt, était de pure convention. L’Angleterre ne prodigue pas ainsi la seigneurie : seulement, tout million est noble pour les pauvres gens. Montalt, d’ailleurs, n’y tenait point, et se vantait volontiers d’être sorti du peuple.

Nehemiah Jones salua et se retira. Quelques heures après, une armée d’ouvriers envahissait le jardin, au-dessus duquel s’éleva comme par enchantement une toiture transparente.

Cela coûta un prix insensé. Mais Nehemiah Jones revint dire à Montalt un beau matin :