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LES BELLES-DE-NUIT.

due, elle avait essayé de se débarrasser de ses liens à la sourdine ; mais il se trouvait que, tout en se jouant, le vicomte et le chevalier l’avaient attachée de main de maître, et bâillonnée dans la perfection.

À la vue des deux pistolets, Lola haussa les épaules.

— Contre une femme !… dit-elle avec dédain.

— C’est peu chevaleresque, j’en conviens…, répliqua le vicomte, mais nécessité n’a point de loi… Nous allons vous placer le plus respectueusement possible, si vous voulez bien le permettre, dans la même situation que votre servante.

Lola était debout, tandis que les deux frères demeuraient assis. Elle avait la tête baissée, et l’on pouvait croire qu’elle arrangeait sa capitulation ; mais il en était tout autrement : c’était une fuite qu’elle méditait.

Elle se disait :

« Si je puis mettre une porte entre eux et moi, tout est sauvé. »

Car ses soupçons n’allaient pas au delà de l’apparence ; pour elle, le but des deux jeunes gens était changé, voilà tout. Au lieu de s’attaquer à elle, c’était Blanche qu’ils voulaient ; mais il s’agissait toujours, à ses yeux, d’une équipée amoureuse.