Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.
273
CHAPITRE XVI.

Mais, à présent, tout devenait réel, terreur et colère.

Elle était très-pâle ; ses sourcils noirs se fronçaient durement. Ses regards, qui s’étaient portés d’abord vers Thérèse garrottée, se clouaient à présent au sol.

— Veuillez nous répondre, madame, dit encore le vicomte qui reprenait tout son sang-froid ; nous livrerez-vous cette jeune fille ?

— Non, repartit Lola à voix basse.

— Réfléchissez, s’écria Léon ; ce qu’on n’obtient pas de gré, on le prend de force !

La marquise essaya de sourire.

— Ceci est un jeu d’enfants, messieurs, dit-elle. Vous avez lié ma femme de chambre et coupé les cordons des sonnettes… ces moyens-là réussissent seulement dans les vieux contes à dormir debout… Que j’élève la voix, et les voisins, éveillés, vont accourir…

— Cela peut être vrai, madame, répliqua froidement Édouard ; mais je vous promets que vous n’élèverez pas la voix.

Il écarta un peu les revers de sa redingote, et prit à la main un petit pistolet mignon ; son frère fit de même.

Thérèse ouvrait de grands yeux dans son coin. Au moment où la scène avait changé d’aspect d’une façon si complétement inatten-