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LES BELLES-DE-NUIT.

Le vicomte hésitait toujours.

— Allons, dit le petit chevalier en fronçant ses jolis sourcils, je crois qu’il faut que je parle… Vous êtes trop galant, monsieur mon frère… Voici le fait, madame la marquise… Vous avez chez vous une jeune fille à laquelle nous nous intéressons tous les deux au plus haut degré…

La marquise ne le laissa pas achever. Oubliant sa faiblesse et sa pâmoison ébauchées, elle bondit sur ses pieds comme une lionne.

— Ah ! fit-elle entre ses dents serrées ; ce n’est pas pour moi que vous venez !…

À son tour, Léon se leva d’un mouvement violent, comme s’il eût lâché la bride tout à coup à une colère longtemps contenue.

Le vicomte le força de se rasseoir.

— Madame, reprit-il en jetant un regard vers les fenêtres où commençaient à poindre les premières lueurs de l’aube, le temps nous presse et il nous faut hâter le dénoûment de tout ceci… Cette jeune fille dont mon frère vient de vous parler ne doit point rester avec vous… Nous venons la chercher.

Il ne s’agissait plus d’attaques plus ou moins audacieuses, ni de folles galanteries. La marquise entrevoyait le piége. Jusqu’alors, elle s’était forcée à trembler, et son courroux était de commande, comme sa frayeur.