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LES BELLES-DE-NUIT.

Mais les assaillants paraissaient d’humeur à ne point abandonner, pour si peu, la partie.

C’étaient ma foi, deux charmants cavaliers, lestes et pimpants, qui venaient de quitter un fort bel équipage, stationnant devant la maison. Leur voiture ne portait point d’armoiries. Elle était timbrée seulement d’un B et d’un M, peints en miniature dans un cartouche doré.

Sur le siége de devant, auprès du cocher, il y avait un grand nègre, vêtu d’une livrée bizarre, et rappelant le costume asiatique ; sur le siége de derrière, un autre nègre, en tout semblable au premier, se tenait debout.

À cette heure de nuit, on ne pouvait distinguer leurs traits, mais la clarté des réverbères dessinait en silhouette leur robuste carrure.

Nos deux gentils cavaliers n’avaient fait qu’un saut de la voiture sur le pavé. Ils avaient tous deux de ces fines tailles, de ces tournures gracieuses et à la fois gaillardes que les mères voudraient à leurs fils sortant du collége, mais dont la plupart des adolescents se privent, cet âge étant, quoi qu’en disent les poëtes, l’âge des cheveux plats, des grands pieds, des allures gauches et des mains rouges.

Le bruit qu’ils faisaient était certes de nature à émouvoir la sentinelle placée à quelques pas de là devant la porte de la prison militaire,