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LES BELLES-DE-NUIT.

Cette nuit, tandis que le prisonnier travaillait, sans bruit, et constatait que sa lame entrait maintenant tout entière dans le fer du barreau, Blanche veillait, elle aussi, en proie à des douleurs plus vives.

Elle était seule. Madame la marquise d’Urgel avait quitté la maison dès la brune pour se rendre à la fête du nabab, et Thérèse, profitant de l’occasion, avait donné sa soirée à quelqu’un de ses studieux amants.

Blanche était tout habillée sur son lit. Elle se sentait à la fois plus souffrante d’esprit et de corps. De sourdes douleurs déchiraient son flanc, et sa bouche rendait des plaintes faibles, auxquelles nulle voix ne répondait.

Les bruits de la rue diminuaient peu à peu. Les boutiques se fermaient ; on n’entendait plus qu’à de rares intervalles le roulement des voitures attardées.

Et personne ne rentrait au logis de la marquise.

La pauvre Blanche avait peur.

Elle sentait que la force allait lui manquer pour souffrir, et offrait son âme à Dieu, pensant que la dernière heure allait sonner pour elle.

La fièvre venait, amenant des visions navrantes ou terribles. L’Ange voyait, autour de sa couche, tous ceux qu’elle aimait ; mais ils étaient