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LES BELLES-DE-NUIT.

bureau des diligences, il avait acquis la preuve que Blanche était maintenant sur la route de Paris.

Ceux qui l’emmenaient avaient, dès lors, changé de noms, et Vincent ne pouvait deviner en eux les anciens hôtes de Penhoël. Mais que lui importait ?

Une fois acquise la certitude que Blanche était à Paris, Vincent ne calcula plus ni ses moyens ni ses forces. Il s’élança sur la route, comme s’il eût espéré joindre la voiture, qui avait sur lui vingt-cinq lieues d’avance.

Il ne lui restait plus que bien peu de chose sur l’argent du nabab. Loin de pouvoir payer sa place à la diligence, il n’avait pas même de quoi vivre durant le trajet.

Il ne songea point à cela.

Courir ! courir ! atteindre les infâmes qui lui enlevaient Blanche, voilà seulement ce qui l’occupait. Mais l’enthousiasme se lasse, et il y a près de cent lieues de Rennes jusqu’à Paris.

Plus d’une fois, pendant la route, Vincent fut obligé de mendier un gîte et un morceau de pain.

Plus d’une fois, il s’arrêta, vaincu par le besoin ou par la fatigue.

La route s’allongeait devant lui à perte de vue, et des larmes lui venaient aux yeux.

Enfin il arriva ! Oh ! ce grand Paris ne l’ef-