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CHAPITRE XV.

De sorte que l’Ange gardait son ignorance. Personne ne lui avait jamais donné de leçons.

Mais, si discret que l’on puisse être, les faits parlent, et près de l’évidence les moindres indices ont leur signification éloquente.

Lola ne pouvait toujours retenir ses regards, et les yeux de Thérèse disaient bien des choses en se fixant toujours sur la taille épaissie de la jeune fille.

Pour que Blanche continuât de repousser les soupçons vagues qui l’obsédaient, il fallait l’appui de sa conscience virginale et la pureté limpide de ses souvenirs.

La chambre qu’elle habitait dans la maison de la marquise donnait sur le devant, car on ne la traitait point en prisonnière, et son angélique douceur rendait toute précaution superflue.

Eût-on voulu prendre des précautions, sa chambre n’aurait point été encore mal choisie. De l’autre côté de la rue, il n’y avait, en effet, aucune fenêtre d’où les regards indiscrets pussent épier la solitude de la jeune fille.

Du moins, telle était l’apparence, puisque la croisée de Blanche regardait cet espace vide qui se trouve derrière la porte latérale de la prison militaire.

De l’intérieur de sa chambre, elle voyait seulement les derrières de la rue de l’Abbaye et le