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LES BELLES-DE-NUIT.

— Ma pauvre Cyprienne…, dit-elle ; tu es dix fois trop jolie pour un garçon !

— Jolie toi-même !… s’écria Cyprienne ; tu es jalouse !… et tu ne veux pas me dire que je suis bel homme !…

Diane la prit par la main et l’amena devant une glace. La glace, interrogée, leur renvoya les deux plus mignonnes figures d’enfants que l’on puisse imaginer.

Elles secouèrent la tête avec découragement.

— Ça rajeunit de cinq ans !… dit Cyprienne ; nous sommes encore au collége.

— Avons-nous fait notre première communion ?… demanda Diane.

Puis, au beau milieu de leur gaieté, elles poussèrent ensemble un gros soupir.

— Mon Dieu !… murmura Cyprienne, comment faire pour être laide ?

Diane baisa les beaux cheveux châtains dont les boucles ondoyaient autour de sa tête nue.

— Voilà l’impossible !… dit-elle ; mais on n’a pas besoin d’être laid pour faire le garçon.

— Je crois bien !… s’écria Cyprienne ; Roger était si beau !…

— Avant de courir après les jolies blondes…

— C’est comme Étienne, alors qu’il n’aimait pas les belles brunes…

Elles perdirent leur sourire, repentantes