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CHAPITRE XIV.

rencontre qu’il avait faite, aux Champs-Élysées, de deux jeunes filles jouant de la harpe, le baron Bibander avait perdu la meilleure part de ses allures victorieuses. C’est à peine si on eût retrouvé en lui l’ombre de ce fier seigneur de l’hôtel des Quatre Parties du monde, qui avait voix au chapitre et qui parlait même plus haut que les autres.

Il se sentait en faute, et plus ses deux associés étaient près de perdre leur position, plus il redoutait leur vengeance.

— Tu sens bien, l’Endormeur, dit-il, que je me soucie de tes menaces comme de l’an quarante, mon bonhomme ! L’Américain et toi, et dix autres de votre force ne me feraient pas encore peur !… Mais nous sommes ensemble… il faut bien travailler un peu… Je me dévoue.

— Tu te souviens bien de ce que je t’ai dit ?…

— Me prends-tu pour un sot, décidément ?… Laisse-moi choisir ma belle, et tu vas voir !

Blaise et lui suivirent encore les deux jeunes gens durant quelques minutes ; puis, au moment où ceux-ci rentraient dans le bal, Bibandier, quittant son compagnon, les aborda avec une rondeur toute germanique :

— Ché futrais afoir l’afantache de fus tire ein