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CHAPITRE XIII.

intime se répandait sur les traits de Montalt. On eût dit que l’air et les paroles de ce chant faisaient revivre en lui tout un monde de souvenirs aimés.

Ses lèvres s’entrouvraient pour donner passage à son souffle facile. Sa joue était colorée doucement. Tout en lui annonçait le repos bienfaisant et heureux.

— Plus bas !… murmura Diane ; le voilà qui s’endort.

La main de Cyprienne ne fit plus que caresser la harpe dont les accords se voilèrent.

Le dernier couplet tomba de la bouche des deux jeunes filles comme un murmure :

 C’est bien toi qu’on voit sous les saules,
Blanches épaules,
Sein de vierge, front gracieux
Et blonds cheveux…
Cette brise, c’est ton haleine,
Pauvre âme en peine ;
Cette eau qui perle sur les fleurs,
Ce sont tes pleurs !…

Les voix moururent en même temps que les dernières notes de la harpe.

Montalt sommeillait. Ses yeux s’étaient fermés, souriants. Un songe délicieux semblait bercer déjà son repos.

Les deux sœurs s’étaient rapprochées sur la