Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
LES BELLES-DE-NUIT.

— Oh ! murmura Cyprienne qui était toute pâle à ce souvenir, et qui entourait Diane de ses bras, comme je priais Dieu de prendre ma vie et de garder la tienne, ma sœur !

Le nabab était maintenant tout près des deux jeunes filles ; ses yeux humides souriaient. Diane baisa sa sœur au front et continua :

— Je tâchai de parler à l’assassin avec mes yeux, car nos bras étaient garrottés… Il y avait de l’émotion sur son visage, et un espoir m’était venu.

« Il me comprit ; mon bâillon fut dénoué. Je lui dis :

« — Si vous voulez nous laisser la vie, nous vous donnerons cinquante pièces de six livres et l’on n’entendra plus jamais parler de nous dans le pays.

« Cet homme était pauvre.

« — Cela fait trois cents francs !… murmura-t-il, et je puis bien enterrer des cercueils vides… Mais vous partirez tout de suite, et vous irez bien loin, bien loin !

« — Nous irons bien loin, et nous prierons Dieu pour vous.

« — Quant à ça, ce sera par-dessus le marché…

« Le trésor du pauvre vieux serviteur de notre famille contenait cent écus de six livres. Nous