tement intervertis, que lui, l’autocrate, le tyran, était à la torture, tandis que les victimes contemplaient paisiblement sa peine…
Mon Dieu ! elles n’abusaient point de leur victoire, et il y avait dans leurs regards, pleins de clémence, un sincère désir d’accorder la paix au plus vite.
— Les filles d’un gentilhomme…, reprit Diane qui étouffa un soupir ; c’est vrai, nous l’étions… mais, à présent, nos actions ne regardent plus que notre conscience…
— Votre père est mort ?… demanda Montalt du bout des lèvres.
— Non, grâce à Dieu !… s’écrièrent ensemble les deux jeunes filles.
Puis Diane ajouta en secouant la tête :
— C’est nous qui sommes mortes.
Le nabab interrompit sa promenade pour les regarder d’un air sévère.
— Je ne raille pas…, reprit Diane avec mélancolie ; nous sommes bien mortes pour tous ceux que nous aimions… Nous avions entrepris une tâche qui dépassait les forces de deux pauvres jeunes filles… Il y avait contre nous des hommes sans cœur ni pitié… Une nuit, on nous fit tomber dans un piége, préparé lâchement… et un assassin subalterne fut chargé de nous tuer…