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LES BELLES-DE-NUIT.

Cyprienne avançait sa tête, plus timide, derrière celle de sa sœur.

Montalt avait beau faire ; son regard s’adoucissait à les contempler si jolies.

— Pourquoi nous chagriner ainsi ?… murmura Diane : nous qui voudrions tant vous aimer !

— Vraiment !… fit Montalt avec un dernier effort d’ironie, ceci me paraît léger pour deux filles de gentilhomme.

— Bon !… répliqua Diane librement et comme si elle eût parlé à un vieil ami, vous voilà plus sévère que nous maintenant !… Ne voulez-vous plus que nous vous aimions ?

Montalt détourna la tête et poursuivit sa promenade.

Cette scène prenait, sans qu’il se fût présenté la moindre péripétie, un caractère singulièrement inattendu.

Vous vous souvenez de cette gracieuse allégorie du bonhomme la Fontaine dont on a fait tant de tableaux, jolis ou laids : une blonde enfant qui coupe en riant les griffes d’un lion de taille effroyable…

Il y avait ici quelque chose de pareil : seulement le lion de la fable se laissait faire, et Montalt résistait tant qu’il pouvait.

Mais ses griffes n’en tombaient pas moins une à une.