Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LES BELLES-DE-NUIT.

alors les limites du vraisemblable, et devient tout bonnement de la seconde vue, du mesmérisme, de la sorcellerie. Plus souvent l’Amour attache, en riant, sur ses beaux yeux jaloux, son mythologique bandeau.

Que deviendrait ce malheureux don Juan, si le fils de Vénus portait toujours des lunettes ?…

Tandis que Montalt déclamait ses harangues incendiaires et se croyait le plus barbare tyran du monde, les deux jeunes filles se rassuraient tout doucement, Diane avait deviné ce cœur fantasque et bizarre… deviné, non pas peut-être au point de l’expliquer ou de le définir, mais assez pour donner une clef à ses capricieuses boutades, et ne plus voir, en chacune de ses actions, une énigme insoluble.

Elle était, en ceci, beaucoup plus savante que Montalt lui-même, qui, surtout à cette heure, ne savait ni ce qu’il voulait ni ce qu’il faisait. Son paradoxe favori, joint à la crainte de s’attendrir, le rendait intraitable. Il se roidissait de toute sa force contre lui-même ; il se battait les flancs afin de se montrer sans pitié, justement parce qu’il sentait l’émotion déjà victorieuse…

Elles étaient si charmantes toutes deux ! l’une si douce et si naïve, l’autre si naïve et si fière ! Et puis elles parlaient de malheur…