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LES BELLES-DE-NUIT.

en sabots se dirigea vers le coin où Marthe était assise. Il se pencha vers elle et prit sa main qu’il baisa. Dans ce mouvement, il mettait, à son insu, un reste de cette grâce noble dont les vieux gentilshommes emportent le secret. Cela faisait péniblement contraste avec la repoussante misère du grenier.

— Bonsoir, Marthe ! dit le vieillard doucement.

Madame répondit par un signe de tête.

— Ma pauvre fille, reprit l’oncle, il me semble que vous êtes plus pâle encore qu’hier au soir…

Marthe essaya de sourire.

— Mon Dieu !… mon Dieu ! reprit l’oncle dont les grands yeux bleus se levaient au ciel avec une résignation douloureuse, je fais pourtant ce que je puis !… Ce sont mes cheveux blancs qui les arrêtent… J’ai beau leur dire : « Voyez mes bras, je suis vigoureux encore ; on me répond : « Il est temps de vous reposer, mon vieux. » Me reposer… quand ma pauvre belle Marthe souffre !…

Il essuya son front où il y avait de la sueur.

— Je suis bien las, ma fille, reprit-il ; Paris est grand… et je n’ai pas pris un seul instant de repos durant toute cette journée… Sais-je à combien de portes j’ai frappé ?… Partout où je