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LES BELLES-DE-NUIT.

sauf la porte de la chambre aux costumes, qu’elles avaient oublié de refermer et qui laissait voir les illuminations du jardin.

Montalt ne prit point garde.

Il s’arrêta tout auprès du seuil pour examiner les deux jeunes filles, qui avaient les yeux cloués au parquet, mais qui le voyaient néanmoins parfaitement : le nerf optique des femmes ayant, comme chacun sait, le pouvoir de percer la membrane de leurs paupières.

Elles n’en étaient pas moins déconcertées pour cela, et craintives, les pauvres enfants !

Cyprienne sentait le cœur lui manquer ; Diane rassemblait tout son courage, mais, en ce premier moment, la peur était la plus forte.

C’était l’heure terrible. Elles allaient savoir…

Le nabab traversa la chambre à pas lents. Diane, qui était la plus rapprochée de lui, ne perdait pas un seul de ses mouvements.

Montalt prit un siége qu’il roula au-devant d’elles, mais il resta debout. Ses yeux peignaient une légère surprise : c’était la première fois qu’il voyait les deux jeunes filles sous leur costume de paysannes. Cette surprise, du reste, n’avait rien de pénible ; au contraire, à mesure qu’il les contemplait en silence, son visage exprimait une sorte d’émotion attendrie.