Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
LES BELLES-DE-NUIT.

Diane ne bougeait pas.

— Viens donc !… reprit Cyprienne ; je te dis que nous serons mieux auprès de la table… Ce souper-là est à nous.

Ces derniers mots parurent produire une impression pénible sur Diane, qui tressaillit et leva les yeux au ciel.

Mais Cyprienne, tout entière à sa fantaisie, la prit par le bras et l’entraîna, bon gré mal gré, vers la table.

— C’est moi qui fais le ménage !… dit-elle en roulant deux siéges sur le tapis ; commandez, mademoiselle… on vous servira.

L’instant d’après, elles étaient assises toutes deux, côte à côte, devant leurs assiettes pleines. Il y avait, ma foi, du vin dans leurs verres, et le faisan avait subi une attaque assez notable.

Diane avait résisté, mais devant cette tentation d’une table bien servie, sa faim l’avait vaincue.

Et puis là n’était pas le danger ; la prudence ne conseillait-elle pas, au contraire, de prendre des forces pour se défendre contre le péril inconnu ?

Durant les premiers instants, les deux jeunes filles se tenaient assises sur l’extrême bord de leurs siéges ; au moindre bruit qui se faisait de-