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CHAPITRE X.

attaquèrent la croûte blonde, et le petit pain disparut comme par enchantement.

Elle en saisit deux autres et revint vers sa sœur en sautant.

— Tiens, Diane !… dit-elle en lui présentant la moitié de sa proie, il n’y a rien dedans, j’en suis sûre !

Diane, qui n’avait pas laissé échapper une plainte, était exténuée autant que sa sœur, et souffrait de la faim, davantage peut-être, car la dernière bouchée avait été pour Cyprienne.

Elle jeta sur le petit pain un regard de convoitise. Elle hésita, puis sa main s’ouvrit à son tour…

Elle mangea.

— Sens-tu ces viandes froides ?… dit Cyprienne, nous n’en avions pas vu depuis le grand dîner de Penhoël !… Si nous y goûtions ?

Diane ne répondit point.

Cyprienne fit une seconde fois le voyage, et mit deux blancs de faisan sur une assiette ; mais, au retour, elle s’arrêta à moitié chemin.

— J’y pense…, dit-elle, nous serons mal là-bas… pourquoi ne resterions-nous pas auprès de la table ?

Elle n’était plus si pâle, et son joli sourire mutin se montrait à demi, déjà, autour de sa lèvre.