costume que nous leur avons vu quelques heures auparavant dans l’avenue Gabrielle. Par une sorte de pieux instinct, au moment d’affronter le danger suprême, elles avaient repris leurs vêtements bretons : le bonnet collant des Morbihannaises, le chaste mouchoir de cou et la petite jupe en laine rayée.
Madame Cocarde avait un chapeau à haute plumes frisées et un cachemire Ternaux de qualité supérieure.
Elle sonna, un domestique vint ouvrir ; puis arriva un monsieur en habit noir qui accueillit madame Cocarde avec une politesse digne.
— Votre servante, M. Smith, dit la principale locataire d’un air dégagé, vous ne m’attendiez pas à pareille heure, je parie ?
— Il est toujours temps, belle dame…, commença M. Smith.
— Bien !… très-bien !… interrompit madame Cocarde ; je me suis un peu pressée… et voilà de petits anges qui prendraient bien quelque chose… Entrons !
M. Smith mit le binocle à l’œil et braqua sur les deux jeunes filles un regard connaisseur.
— Ah ! oh !… fit-il, modulant malgré lui les tons chromatiques de l’interjection anglaise ; Very pretty maiden, by God !…
Puis il ajouta tout bas :