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CHAPITRE X.

Il se leva brusquement et se prit à parcourir la chambre à grands pas.

— Et puis…, poursuivit-il en rejetant en arrière les boucles de ses cheveux, qui se collaient à son front humide, que m’importe cela ? Est-ce que je connais ces gens ?… Faut-il que je devienne fou parce que trois ou quatre misérables coquins ont mis au pillage une gentilhommière de Bretagne ?…

Il eut un sourire contraint et saccadé.

— Sur ma parole, reprit-il, j’ai souffert comme s’il se fût agi de quelque chose… J’avais trop bu peut-être… Est-ce que je prendrais le vin tendre en vieillissant ?… J’aime mieux croire que mes nerfs seuls étaient en révolte… et que j’avais tout simplement la fièvre, à force d’écouter ce lâche coquin qui me contait ses prouesses contre une femme… Par le nom de Dieu ! s’interrompit-il en contenant sa voix qui voulait éclater, je crois que je me serais guéri, si je l’avais broyé sous mon talon comme une vipère !…

Son pas se ralentit et ses lèvres eurent un sourire amer.

— Et pourquoi cela ?… continua-t-il en se répondant à lui-même : que m’a fait cet homme ?… N’a-t-il pas le droit d’être un empoisonneur et un assassin ?… Est-ce un crime de vaincre en